Corps principal de bâtiments : le pavillon

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

Joshin prit la main tendue par Kalwynn et se leva. Un coup de tonnerre retentit de nouveau, plus près cette fois.

- Vous avez raison, entrons nous mettre à l'abri.

Ils se hâtèrent vers la maison. Elle avait laissé sa main dans celle du soldat, et y puisait un grand réconfort. Elle n'avait pas eu le temps de lui répondre lorsqu'il lui avait parlé de la vie et de la mort, et c'était là un sujet trop important pour en parler tout en se hâtant vers la maison.
Mais il y avait quelque chose qu'elle voulait lui dire, et sans attendre:

- Je dois être une bien bonne comédienne si vous avez pensé, un seul instant, que j'irradiais la vie. Mais, en ce moment même, et grâce à vous, je le répète, et bien je recommence à me dire que la vie vaut la peine d'être vécue...

Ils marchaient rapidement, trop rapidement pour entretenir une vraie conversation. Sans doute la reprendraient-ils à l'intérieur.

Soldat Messages : 128 Date d'inscription : 18/12/2011 Localisation : Vannes

Main dans la main les promeneurs durent hâter le pas, et soudain ce fut le déluge !
Une grosse pluie tiède s’abattait sur la prairie. On aurait dit que le crépuscule était tombé en un instant.

Kal défit son gilet de cuir et tenta d’abriter Joshin avec grande difficulté alors qu’ils gravissaient la colline. Las, les bâtiments où logeait le soldat se trouvaient encore bien loin.
En devisant, ils avaient marché longtemps, couvrant bien plus de distance qu’il ne l’aurait cru. Dieu, que le temps passait vite auprès de Joshin !

C’est à peine si l’on distinguait la lisière distante de quelques pas à travers le rideau de pluie, mais Kal crut se souvenir qu’une cabane de chasse se trouvait là non loin.

Il cria presque, tant les bourrasques leur fouettaient le visage.

Je crois qu’il y a un abri non loin, peut-être ferions-nous mieux de nous y réfugier.
Ou alors il nous faut courir, ou que je vous emmène sur mon dos !

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

Ils marchaient rapidement sous la pluie tiède, et Joshin remercia Kalwynn pour sa courtoisie à vouloir lui faire un abri avec son gilet. Piètre abri cependant, la pluie était trop violente et l'eau s'infiltrait partout en plaquant les vêtements contre son corps. Heureusement, elle n'avait pas la coquetterie de vouloir des coiffures apprêtées, et ses cheveux, simplement ramassés en un chignon un peu lâche, n'auraient pas à trop souffrir de l'averse.

Ils se hâtaient de gravir la colline, mais il lui semblait que la maison était hors de portée. Grâce au ciel, Kal connaissait bien son domaine:

Citation :: Je crois qu’il y a un abri non loin, peut-être ferions-nous mieux de nous y réfugier.
Ou alors il nous faut courir, ou que je vous emmène sur mon dos !

Elle se mit à rire:

- Mon cher Kalwynn, courons, oui, mais jusqu'à l'abri dont vous me parlez. J'avoue qu'il sera le bienvenu.

Elle ne lui dit pas combien elle aurait trouvé divertissant qu'il la portât sur son dos, tout en reconnaissant que celà aurait eu un petit coté ridicule qui ne leur seyait pas vraiment. Mais dans le fond, qui pouvait savoir? Ne riait-elle pas en compagnie d'un homme charmant, trempée jusqu'aux os? Sa mère lui disait souvent: "la vie nous conduit sur des chemins bien imprévisibles, parfois". Comme elle avait raison!

Soldat Messages : 128 Date d'inscription : 18/12/2011 Localisation : Vannes

Ils bifurquèrent donc, quittant le sentier pour gagner la lisière. Ce faisant, ils se bousculèrent légèrement en courant dans les herbes hautes, sous l’abri tout relatif de son pauvre gilet.

Kal sentit le corps de Joshin collé contre le sien, et essaya de ne pas penser aux vêtements trempés de pluie qui épousaient la mince silhouette de la dame. Manque de chance, celle-ci se trouvait à sa droite, du côté de son œil valide. Le borgne concentra toute son attention sur la lisière, qu’ils allaient franchir dans quelques pas.

Une forme sombre au toit pentu se devinait non loin. Kalwynn aida Joshin à gravir quelques obstacles, que cet orage ou une précédente tempête avaient jetés sur leur route, troncs abattus et branchages jetés au sol.

La pluie les douchait moins sous les denses frondaisons, mais le vent faisait ici un boucan de tous les diables, et chaque branche agitée constituait un agresseur potentiel.

Arrivés à la cabane, ils se collèrent aux rudes planches mal équarries pour profiter du maigre abri fourni par le rebord du toit. La pluie tombait en rideau tout autour de la maisonnette. Kal tenta sans succès d’ouvrir la porte, elle devait être verrouillée, barrée ou simplement coincée. Prenant un pas de recul, ce qui permit à une cascade de ruisseler depuis son col le long de son dos, il frappa fort du plat de sa botte la porte au niveau de la poignée, et celle-ci s’ouvrit d’un coup en raclant bruyamment le sol.

L’officier, avec un pauvre sourire, fit signe à Joshin d’entrer la première, et à son tour pénétra dans l’abri en refermant la porte.

Kalwynn n’était jamais entré ici auparavant, mais avait jeté un œil par les grandes fenêtres qui ouvraient sur le bois à l’occasion d’une de ses promenades autour de son pavillon. Il s’agissait sûrement d’une cabane de chasse, voire d’un abri pour les bûcherons. On se trouvait en effet à bien une demi-lieue des plus proches habitations.

Relativement préservé, l’endroit n’était pas trop poussiéreux. Un mobilier rustique occupait la petite pièce : une table et quelques chaises, un coffre, de curieux lits superposés dans un angle, sur lesquels Kal n’aurait pas fait monter plus lourd qu’un enfant de 10 ans.

Et, détail précieux, une petite cheminée dans le mur à l’autre extrémité. Cheminée dont l’âtre était déjà garni de bûches et brindilles par un précédent occupant décidemment bien prévoyant.

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

Ils s'étaient hâtés, sous la pluie battante, sous les rafales de vent... mais Kalwynn semblait bien connaitre sa propriété, et ils arrivèrent bientôt en vue de l'abri dont il lui avait parlé.
Après quelques efforts, il réussit à ouvrir la porte, et Joshin ne put s'empêcher de sourire lorsqu'il l'invita d'un geste galant, à franchir le seuil.
A peine entrée, elle jeta un coup d'oeil circulaire. Il avait parlé d'un abri, mais en réalité, c'était bien plus que celà, car il y avait même quelques meubles, certes un peu rudimentaires, mais des meubles tout de même, à peine poussiéreux. De plus, il y avait une cheminée, et Joshin se surprit à frissonner. Sans oser le dire, elle pensa au bien-être que lui apporterait une flambée, combien ce serait confortable de pouvoir quitter ses vêtements trempés... mais il n'y fallait point songer.
Elle rougit un peu, fit quelques pas hésitants dans la pièce et se tourna vers Kalwynn:

- Pensez-vous qu'il y ait une possibilité de faire un peu de feu? Je suis transie...

Soldat Messages : 128 Date d'inscription : 18/12/2011 Localisation : Vannes

C'est en piteux état qu'ils se barricadèrent dans la cabane, leurs vêtements et cheveux goutant lourdement sur le sol de terre battue.

Joshin demanda s'ils pourraient faire du feu, et Kal fut heureux de trouver une occupation pour ses mains et ses yeux.
Il avait toujours aimé s'occuper du feu : couper, entreposer puis choisir le bois, monter cette pyramide dans l'âtre, en obtenir une jolie flambée... même nettoyer les cendres le lendemain.

Cette pensée le fit sourire alors qu'il farfouillait dans les pots de bois entreposés sur la cheminée.
N'était-ce point l'expression de Joshin que de dire parfois "je me couvre la tête de cendres" ? Si touchante...
Son sourire s'élargit, il découvrait sans cesse de nouvelles raisons aux sentiments qu'il éprouvait à l'égard de son capitaine.

Il trouva enfin ce qu'il espérait dénicher, et fit jouer dans sa main le briquet à silex.

S'accroupissant, il fourragea quelques instants sous les brindilles, qui se mirent à fumer puis crépiter doucement.
Dans un craquement de genoux qui couvrit momentanément le bruit du feu naissant, l'officier borgne se releva.

Dehors, le déluge continuait.

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

Elle était restée longtemps silencieuse, se réchauffant au feu que Kalwynn avait allumé pour elle, laissant ses vêtements se sécher lentement. Pendant tout ce temps, elle laissait vagabonder ses pensées, qui s'entrechoquaient dans sa tête. Tête baissée, elle pensait à sa vie, aux heurs et malheurs qui l'avaient sillonnée.
Puis elle leva la tête et regarda son hôte. Elle avait appris à apprécier cet homme juste et droit, ainsi que la cour discrète qu'il avait commencé à lui faire. Pour elle, il avait fait jaillir des flammes joyeuses dans la grande cheminée. Saurait-il, voudrait-il essayer de ranimer en son coeur meurtri de pareilles gerbes d'étincelles?
Elle n'avait pas de réponse à cette question, pas encore. Peut-être ne le connaissait-elle pas encore assez... Mais elle avait tout son temps, et elle lui sourit.

Soldat Messages : 128 Date d'inscription : 18/12/2011 Localisation : Vannes

Les flammes dessinaient des ombres surprenantes sur le visage anguleux du borgne.
Magnifiée par la lumière de la flambée, Joshin, perdue dans ces pensées, ne lui avait jamais parue aussi belle… et aussi inaccessible.

A quoi pouvait-elle bien songer ? Kal préférait peut-être ne pas le savoir.
Il se sentait souvent démuni devant cette femme.

Assis sur un tabouret non loin du feu, il tisonna celui-ci.

Puis, l’œil fixé sur l’âtre, il commença un fredonner un air plutôt mélancolique.

Au bout d’un moment, ses « hmmm hmmm » se changèrent en paroles, entonnées d’une voix douce et grave. Les mots en étaient naïfs, sortis d’une comptine ou d’une chanson de bord qu’on aurait curieusement voulue chaste.

Le vent rieur courait sur les bois, les étangs,
Et l’arbre captif agitait ses mille bras,
Mais pourquoi donc devrait-il en posséder tant,
S’il ne peut bouger davantage que ses doigts ?

Parfois les enfants jouaient dans ses hautes branches,
Ou gravaient dans sa chair d’éphémères serments,
Le grand arbre ne craint que de finir en planches,
Pour emmurer le corps des marins, des brigands.

La promeneuse parfois s’endort à son pied,
Celle dont il ne peut qu’admirer la cambrure,
Veiller sur ce sommeil qui la fait soupirer,
Telle une belle amante dont l’étreinte perdure.

L’honni bucheron viendra un matin pour lui,
Piétiner les racines où la nymphe s’endort,
Fera fuir les oiseaux, la trace de la nuit,
L’abattra de son croc de métal et bois mort.

La mélodie s’éteignit dans un souffle.
Il semblait que le martèlement de la pluie sur le toit s’était un peu ralentit, n’offrant plus qu’un roulement de tambour distant, comme si une scène clef allait se jouer ici.

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

Il semblait brusquement que le temps était suspendu. Nul bruit, si ce n'était celui des flammes crépitantes... Ils restaient tous deux étrangement songeurs, et puis, tout doucement, Kalwynn commença à fredonner un chant un peu lent, qui se mua peu après en une vraie mélodie.
Elle l'écoutait chanter la vie et la mort annoncée d'un arbre, avec des mots si simples et si beaux que des larmes lui montèrent aux yeux. Au même moment, elle prit conscience de la chance qu'elle avait, qu'un tel poète puisse ainsi lui faire partager une aussi belle chanson. Il avait démontré quelques talents à la caserne, et elle n'aurait garde d'oublier qu'il avait composé en son temps l'hymne de l'Ost. Mais ceci était d'une tout autre émotion...
Comme dans une symphonie bien écrite, le bruit de la pluie semblait s'éteindre en même temps que la voix de Kalwynn. Elle le regarda et lui murmura doucement:

- Comme c'est beau, et comme je vous suis reconnaissante de m'avoir donné ce moment de pur bonheur...

Soldat Messages : 128 Date d'inscription : 18/12/2011 Localisation : Vannes

Kal tourna un regard à la fois amusé et un rien nostalgique vers Joshin.

Il me faut vous avouer que je n’en suis point l’auteur.
Nous chantions ceci entre membres de l’équipage d’un des bateaux sur lesquels j’ai navigué. Le couplet qui parle de marins et brigands était toujours le préféré.

Ce chant était difficile à interpréter, car je pense qu’il s’agit au départ d’un poème en alexandrins, mais quelques uns des vers ont dû se perdre… au gré des verres !
Bref, un chant atypique sur un bateau, tant au niveau de la structure, que du sujet ou des paroles, vous pouvez m’en croire !

J’ai aimé ces années. C’était une belle vie. Qui laissait beaucoup de place à la camaraderie mais bien peu à l’amour.

L’œil valide de l’officier s’était fait perçant pendant quelques instants, avant de reprendre sa vivacité habituelle.

Me permettez-vous de venir près de vous ?
Quelques frictions, conjuguées à la chaleur de l’âtre, devraient achever de vous regaillardir.

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

Sa voix s'était faite vibrante, pour parler des chants de marins. Il lui avoua qu'il avait aimé ces années d'aventures, et elle le croyait sans peine, car sa nostalgie était perceptible. Sans doute trouvait-il sa vie présente bien monotone, et la camaraderie de ses frères et soeurs d'armes bien différente de celle tissée entre ciel et mer.
Il lui demanda brusquement la permission de venir auprès d'elle, se proposant de la "regaillardir", comme il l'avait dit plaisamment. Elle devait avoir bien piètre mine, avec ses vêtements qui n'étaient pas encore tout à fait secs et ses cheveux défaits. Mais qu'importait! Elle se mit à rire:

- Je crois que vous avez raison, j'ai grand besoin de retrouver une meilleure apparence, et il est vrai que j'ai eu, pendant un moment, presque froid avant que vous n'allumiez ce feu...

Elle lui tendit la main.

Soldat Messages : 128 Date d'inscription : 18/12/2011 Localisation : Vannes

Kal se leva doucement de son tabouret, répondant à la main tendue de Joshin.
Il avait lui-même un peu « séché », se trouvant plus près du foyer. D’ailleurs -était-ce un héritage des années passées en mer, ou des quelques campagnes menées avec l’Ost ?- il n’était guère frileux et ne tombait pas facilement malade. C’était toujours ça de pris… car, comme il l’avait brièvement évoqué en taverne, les séquelles de la blessure reçue au visage, et la concentration accrue demandée à son œil valide lui causaient de fréquents maux de tête.
C’était peut-être une des raisons pour laquelle il calait facilement devant trop de paperasse, même si cela n’excusait pas tout.

Le borgne prit place près de la jeune femme, légèrement en retrait de manière à pouvoir la réchauffer de ses mains. Si une personne était repêchée après être tombée à la mer, il fallait complètement la déshabiller pour la sécher, puis la rhabiller de vêtements chauds ou de couvertures. Mais ici, on n’avait tout de même pas fait naufrage, et les convenances interdisaient ce genre de pratiques. Kal se contenta donc de frictionner Joshin du plat de ses mains, de manière énergique mais sans rudesse. Il se concentra sur les bras, le dos et les épaules, se faisant la réflexion que la silhouette près de lui n’était pas bien épaisse… et se sentit coupable de n’être pas plus attentif, lui qui voyait le plus souvent Joshin cuirassée dans son uniforme.
Le Grand Maître en lui refit surface, et il espérait que son capitaine n’était pas trop miné par les responsabilités, qui s’ajoutaient à son rôle de mère et à sa position de maîtresse de famille et du domaine. Il se promit de veiller à l’avenir à ce qu’elle s’alimente bien. Dans la situation présente, une boisson chaude aurait été bienvenue, mais il faudrait attendre le retour vers les bâtiments.

Les mouvements de l’officier borgne n’auraient pas manqué d’une certaine sensualité, s’ils n’avaient été aussi précis, une mémoire des gestes ressurgissant de ces années où il avait fallu secourir ainsi des camarades ou des inconnus, dont la yole, la barque ou le radeau avait chaviré. Néanmoins les grandes mains noueuses se mouvaient avec douceur, sans attardement inconvenant.

Une fois qu’il estima avoir fait tout son possible, Kalwynn, avec pudeur, s’écarta légèrement.

Vous sentez-vous mieux, chère Joshin ?

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

Kalwynn se plaça derrière elle, et avec une grande douceur, mais une certaine énergie cependant, il commença à la frictionner. La sensation de froid disparut rapidement, et il est vrai qu'il n'avait pas ménagé ses efforts pour qu'elle se sentit mieux. Elle en fut touchée, et les larmes lui montèrent aux yeux. Celà faisait si longtemps que personne ne s'était inquiété de son bien-être! Celà faisait si longtemps qu'elle essayait vaillamment d'aller de l'avant, comme elle pouvait, mais toujours seule! Et celà faisait si longtemps aussi qu'elle n'avait pas senti des mains d'homme peser sur ses épaules et ses bras!
Son trouble fut de courte durée, et il ne s'en rendit pas compte, puisqu'elle lui tournait le dos. Elle se reprit rapidement, et lorsqu'il s'écarta et la questionna, ce fut d'une voix claire qu'elle lui répondit:

- Oui, beaucoup mieux, et je vous en sais gré. Maintenant, étant femme et donc exigeante par nature, j'avoue que j'aspire plus que tout à une boisson bien chaude... Croyez-vous que votre obligeance, et votre hospitalité, puissent aller jusque là?

La pluie semblait s'être calmée, ils pourraient peut-être envisager de revenir vers le pavillon. Elle eut un rapide regard pour cette cabane, et pensa que malgré les circonstances, elle venait d'y passer un moment inattendu certes, mais fort agréable.

Soldat Messages : 128 Date d'inscription : 18/12/2011 Localisation : Vannes

Kalwynn fut rassuré par la réponse de Joshin, même s’il avait cru l’entendre brièvement renifler alors qu’il la frictionnait. Etait-elle malheureuse en sa compagnie ? Ou bien nostalgique d’autres mains, plus habiles ou plus rassurantes ?

Le borgne se releva sans souplesse, et alla mettre le nez dehors.
De grosses gouttes tombaient toujours, formées par les gouttières naturelles qu’offraient les larges feuilles des arbres environnants. Mais il ne pleuvait plus.

Au sol, les hautes herbes restaient néanmoins détrempées. Le borgne était en bottes, mais Joshin devrait retrousser ses robes, à moins qu’il ne la porte jusqu’au sentier…

Kal revint à l’intérieur, souriant à l’écoute de la demande de Joshin.

Femme vous l’êtes, sans nul doute. « Exigeante », je ne sais, et je crains que mes éléments de comparaison soient lointains. Quant à la boisson chaude, j’aurais le plaisir de vous offrir un vin chaud épicé à ma façon, ou bien une infusion si vous préférez… mais pour cela il convient de nous hâter jusqu’au pavillon, nous pourrions y être en un quart d’heure je pense.

Le borgne tendit une main à Joshin, qu’il releva sans effort.
Puis ils gagnèrent tous deux la porte, laissée ouverte sur la forêt.

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

Arrivée devant la porte, elle vit que la pluie avait cessé. Elle considéra avec quelque consternation les hautes herbes mouillées et se mit à rire:

- Nous n'attendrons certes pas que tout soit sec pour rentrer. Vous m'avez promis quelque chose de chaud à boire, celà ne saurait attendre! Nous aurions pu aller jusqu'à ma demeure, afin que je puisse me changer, mais elle est trop éloignée, nous serons plus rapidement arrivés à votre pavillon.

Elle n'avoua pas qu'elle avait aussi envie de revoir ce pavillon, parcouru trop rapidement, et d'essayer d'imaginer comment il y vivait, apparemment dans une solitude comparable à la sienne. Mais qu'en savait-elle, dans le fond? Une impatience lui venait de mieux le connaître, lui si secret et réservé et qui peu à peu commençait à lui parler de lui et de ce qu'avait été sa vie.
Elle rassembla ses jupes d'une main et les remonta un peu, puis elle prit le bras de Kalwynn et le regarda:

- Quand vous voudrez...

Soldat Messages : 128 Date d'inscription : 18/12/2011 Localisation : Vannes

Quand ils arrivèrent tous les deux à la porte, Kal sentit Joshin stopper et se raidir comme devant un précipice... et oui les herbes étaient très, très mouillées ! Aussi quand il furent prêt et que la jeune femme lui dit :

joshin a écrit:: Quand vous voudrez...

Le borgne la souleva dans ses bras avec un air un rien comique, prenant garde à garder ses chevilles pudiquement recouvertes.
Puis, à grandes enjambées -mais apparemment sans grand effort- il traversa les hautes herbes du sous-bois, puis celles menant au chemin.
Là, il déposa délicatement Joshin au sol, un peu confus. Celle-ci ne semblait pas avoir été trop gênée de son attitude cavalière, puisqu'ils n'avaient cessé de rire tout au long de la manoeuvre d'évitement des herbes.

Le sentier était beaucoup plus hospitalier, s'y trouvaient juste quelques petites mares dans les nids de poule, qui seraient faciles à repérer et à contourner.

Ils prirent le chemin du pavillon.

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

Elle avait naïvement imaginé qu'ils allaient courir dans les herbes mouillées, mais c'était bien mal connaître Kalwynn. Avant qu'elle ait même réalisé ce qui lui arrivait, elle se retrouva soulevée et emportée à grandes enjambées.
Elle ne put s'empêcher de rire, et peut-être ainsi réussit-elle à cacher quelque peu l'émotion qui la saisit, malgré elle. Elle eut peut-être aussi la tentation de s'appuyer un peu contre lui, mais n'y céda pas.
La courte distance fut rapidement parcourue, et certes il avait eu raison: jamais elle n'aurait pu marcher aussi vite! A moins que celà lui parût rapide parce qu'ils ne cessèrent de parler plaisamment, de rire même, et elle se rendit compte que depuis bien trop longtemps elle n'avait été aussi gaie.
Il la posa à terre, et ils reprirent rapidement le chemin du pavillon, heureux sans doute à l'idée de se retrouver à l'abri. Mais elle savait qu'elle garderait le souvenir précieux de cette escapade.
Arrivés devant la porte du pavillon, elle leva les yeux vers lui:

- Votre proposition d'une boisson chaude et épicée tient toujours?

Soldat Messages : 128 Date d'inscription : 18/12/2011 Localisation : Vannes

Kal sortit de dessous son col la cordelette au bout de laquelle reposait la lourde clef du pavillon. Il déverrouilla la porte avec un enclenchement sourd, presque musical.

D'un geste ample il invita Joshin à entrer, désignant la grande pièce de vie.
Enfin grande... si elle n'avait pas été encombrée de tout un amas d'objets curieux, de livres et de cartes.
Le tout restait correctement ordonné, mais occupait bien l'espace.

Ma dame, je vous en prie. Trouvez-vous une place à votre convenance parmi tout mon bazar, je vais aller à la cuisine préparer un vin chaud... à moins que vous ne vouliez plutôt une infusion ? J'ai quelques belles herbes qui sont en train de sécher.

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

Il faisait bon, dans la pièce où ils entrèrent. Elle essayait de se montrer discrète, mais ne pouvait s'empêcher de jeter de furtifs coups d'oeil autour d'elle. Il y avait tant à voir!
Kalwynn lui renouvela sa proposition d'un vin, ou d'une tisane, et le choix fut vite fait:

- Laissons les herbes continuer à sécher tranquillement. Vous m'avez parlé de vin aromatisé d'épices, et j'avoue que je suis curieuse de goûter celà.

Ce qu'elle ne dit pas, c'est qu'elle était encore plus curieuse de pouvoir examiner, pendant l'absence de Kalwynn, la pièce où il avait rangé tant de choses, ramenées sans doute de ses voyages et parlant de pans de sa vie qu'elle ne connaissait pas. Oh! elle ne furèterait pas, bien entendu, elle était trop bien élevée pour ça, mais un rapide regard, pour voir un peu ce qu'il y avait là....
Elle lui sourit d'un air innocent.

Soldat Messages : 128 Date d'inscription : 18/12/2011 Localisation : Vannes

Kal n'en savait peut-être pas long sur les femmes, du moins quand il était question de sentiments, mais le borgne gardait de sa jeunesse une sorte d'intuition instinctive.
Et cette-fois, ce que lui "révelait" ce don le dit sourire. L'air un brin trop angélique de Joshin disait bien assez une saine curiosité à l'égard des quelques secrets que pouvait recueillir son pavillon.

Kalwynn disparut donc vers la cuisine, et se met à faire chauffer le vin chaud sucré, et épicé, qu'il réussissait plutôt bien disait-on.
Il prit volontairement son temps, afin de laisser un moment à Joshin pour s'accormoder à son environnement.
Qui sait, peut-être aurait-elle envie de lui poser quelques questions. Il aimait bien les questions.

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

Il partit vers la cuisine, et elle se demanda de combien de temps elle disposait pour essayer de tout voir. Peu de temps, sans doute...
Elle fit lentement le tour de la pièce, n'osant rien toucher , mais prise du désir d'ouvrir au hasard un livre, de consulter une carte, de prendre un objet pour l'examiner, sans rien faire de tout celà, bien entendu.
Elle s'assit sagement, et attendit son retour. Après tout, il y avait une façon bien plus facile de satisfaire sa curiosité.
Dès qu'il reviendrait, elle lui poserait des questions: peut-être, de lui-même, lui montrerait-il tout ce qu'elle voulait voir.

Soldat Messages : 128 Date d'inscription : 18/12/2011 Localisation : Vannes

Kalwynn revint de la cuisine, chargé de deux tasses fumantes. Une agréable odeur de vin chaud épicé et sucré se révélait dans son sillage.
Il déposa un récipient devant son invitée, et garda l'autre en main pour s'asseoir...

Il tourna soudain la tête vers Joshin.

Peut-être souhaitez-vous également vous restaurer ?
J'ai une belle roue de fromage qui ne demande qu'à être entamée.

Le borgne sourit.

Un seul mot de votre part et je vais la chercher...

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

Joshin répondit gaiement:

- Je dirai trois mots, au lieu d'un: j'ai faim!

Elle ne s'en était pas rendu compte, mais oui, vraiment, elle avait faim. La tasse devant elle sentait bon, elle avait hâte d'y gouter, et elle pensait avec gourmandise au fromage dont il lui avait parlé.
Elle prit conscience, brusquement, qu'elle se sentait bien dans cette pièce qu'elle ne connaissait pas, avec cet homme qu'elle apprenait peu à peu à connaître. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas ressenti un telle impression de paix, de sérénité et, pourquoi ne pas le dire, de bonheur.
Elle regarda Kalwynn, un peu troublée par ses propres pensées, et lui sourit.

Soldat Messages : 128 Date d'inscription : 18/12/2011 Localisation : Vannes

L'enthousiasme de Joshin à l'égard de sa proposition fit sourire Kal de plus belle. Il se releva donc comiquement, comme mû par un ressort, empressé de satisfaire aux envies de la belle.

Il me faut donc vous quitter à nouveau et descendre au cellier.
Surtout, n'hésitez pas à jeter un oeil à mes souvenirs, si vous voulez...

D'un large geste du bras, il engloba les breloques qui emcombraient le salon.

... et je me ferais un plaisir de vous conter quelques anecdotes à propos de certains d'entre eux, si vous le souhaitez.

Passant à côté de son invitée, Kal s'abaissa doucement et déposa un furtif baiser sur son front avant de filer vers la cuisine.

Dame Messages : 339 Date d'inscription : 06/07/2009 Localisation : Patay

Il avait disparu si soudainement... Joshin en restait encore étourdie. Au passage, il avait effleuré son front d'un tendre baiser, et était parti. Elle se leva, fit quelques pas, revint s'asseoir... Que lui arrivait-il? Et quelle contenance prendre lorsqu'il reviendrait? Peu de mots avaient été échangés entr'eux, et même si elle n'était pas sûre de vraiment le connaître, elle avait cependant la certitude que c'était un homme droit, ce qu'elle appréciait par-dessus tout.
Etait-elle à un tournant décisif de sa vie? Ou bien n'était-ce qu'une démonstration somme toute banale, d'un flirt léger? Elle y était si peu accoutumée...
Elle attendit son retour, l'esprit un peu en déroute, remuant mille pensées dans sa tête.